An 370 environ
Hypatie, belle de science
Hypatie a tout pour elle : belle, intelligente, instruite, pédagogue, fille de bonne famille et pourtant sa fin sera tragique. Mathématicienne et philosophe, première « femme » scientifique dont l’Histoire a retenu le nom et le destin, elle sera aussi célèbre parmi les anticléricaux et les féministes. Voyons pourquoi.
Tout a commencé à Alexandrie au IIIème siècle avant notre ère. Ptolémée Ier (305 av. J.-C. – 283 av. J.-C.) qui a succédé en Egypte à Alexandre le Grand, le fondateur d’Alexandrie, a de grandes ambitions pour cette ville dont il a fait sa capitale. C’est lui qui lancera la construction du fameux phare d’Alexandrie, la 7ème et dernière merveille du monde. Ce phare monumental permettra d’observer les bateaux à 50 km à la ronde. Une prouesse pour l’époque.
Parmi les bâtiments prestigieux comme le temple de Poséidon, figure un grand musée : le Mouseîon. C’est le temple des savants car Ptolémée veut que sa capitale puisse rivaliser avec Athènes dans les domaines culturels et scientifiques. Ainsi Alexandrie deviendra la ville du savoir et des délices !
La bibliothèque magistrale d’Alexandrie
Là, les savants seront chouchouter (1). Outre le gîte et le couvert, Ptolémée leur promet de construire une bibliothèque magistrale, la célèbre bibliothèque d’Alexandrie qui ne fonctionnera qu’à partir du règne de son successeur Ptolémée II. Pour l’alimenter, le fondateur a une idée imparable. Chaque navire faisant escale à Alexandrie devra fournir les livres dont il dispose.
Une « armée » de copistes se charge de les retranscrire avant de remettre cette copie à leur propriétaire ; l’original est quant à lui archivé dans la Bibliothèque d’Alexandrie.
Grâce à ce stratagème, la bibliothèque disposera jusqu’à 700 000 ouvrages sous forme de rouleaux et de parchemins. De quoi alimenter la curiosité des savants durant 7 siècles et donner du « boulot » à une noria de scribes, traducteurs, éditeurs, professeurs …
Une savante hors pair pour ses compatriotes
A la fin de cette période bénie pour les scientifiques et philosophes de l’époque, apparait notre héroïne, Hypatie dont la date de naissance reste imprécise : entre 350 et 370 de notre ère. Elle est la fille de Théon, mathématicien illustre, qui sera le dernier directeur du Mouseîon.
On raconte (2) que les gens accouraient pour écouter Hypatie dont les connaissances surpassaient la plupart des savants de l’époque, notamment en mathématiques. Lors de ses voyages, elle prend modèle à Athènes sur une autre femme, Asclépigénie, passée maître en philosophie et en sciences néoplatoniciennes.
Cependant, tout en enseignant la philosophie dans son école de philosophie qu’elle dirigera, Hypatie sera la tout première -et sans doute la seule- femme de l’Antiquité à maitriser autant les sciences exactes (3).
Une pionnière de l’invention
Son talent ne s’arrête pas là. Elle fait preuve aussi d’un esprit d’invention hors du commun. On lui doit notamment l’invention de l’hydromètre ainsi qu’un modèle novateur d’astrolabe facilitant les mesures astronomiques et bien d’autres choses (4). Sans aucun doute, Hypatie sort du lot. Autant par sa beauté, que par l’étendue de ses connaissances, son inventivité et son talent. Une sorte de Léonard de Vinci féminin de l’Antiquité.
Mais Hypatie doit faire face aux préjugés et aux croyances religieuses qui se heurtent aux postulats scientifiques qu’elle défend. Les Chrétiens, dont l’influence s’étend chaque jour, ne voient pas la science d’un bon œil. Pour eux, chercher à comprendre l’univers et son fonctionnement, c’est vouloir rivaliser avec le Créateur ou, pis, devenir le complice du Malin.
Hypatie, la beauté du Diable ?
Pour ses détracteurs, Hypatie va ainsi devenir une ennemie de la foi et sa beauté un signe du péché qui l’habite ; un comble pour elle qui restera vierge jusqu’à sa mort. Et cette mort sera tragique.
En mars 415, les Chrétiens, exacerbés par l’évêque Cyrille en rivalité avec Oreste, le préfet Romain d’Alexandrie, ami d’Hypatie, vont la pourchasser en pleine rue, la violenter, la déshabiller et peut-être même la violer. Son corps est démembré puis brûlé.
Hypatie aura marqué les esprits autant par son savoir et son désir de découvertes que par sa fin tragique qui en fait une icône pour tous les pourfendeurs de l’intolérance.
La toute première icône femme de l’Histoire.
Publié le 5 février 2018
Les signes qui comptent !
Les mathématiques n’ont pas toujours été associés à une forêt de symboles pour certains familiers (+, – ,x) et d’autres plus ou moins ésotériques pour un profane. Jusqu’à la Renaissance, ces symboles n’existaient pas. Petit panorama de leur entrée en scène (1):
- Vers 1460 : l’Allemand Johannes Widmann est le premier à employer les signes + et – ;
- Début du XVIème siècle, le Vénitien Tartaglia est l’un des premiers à utiliser les parenthèses ( ) ;
- En 1557, pour la toute fois est utilisé le signe = pour désigner l’égalité par l’Anglais Robert Recorde ;
- 1608, pour la première fois, la virgule est utilisée pour séparer la partie entière de la partie décimale ; cela grâce au néerlandais Rudolph Snellius ;
- 1621, les signes <> sont utilisés pour la première fois par l’Anglais Thomas Harriot ;
- 1631, William Oughtred emploie le signe x pour la multiplication pour la 1ère fois ;
- Il faudra attendre 1659 pour que l’Allemand Joyann Rann utilise le symbole de la division ;
- 1525, vient le tour de la racine carrée, grâce à un autre allemand, Christoff Rudoff, dont le symbole définitif sera proposé par le Français René Descartes, avec une barre horizontale en 1647.
Beaucoup d’autres signes verront le jour, certains de manière éphémères et d’autres mettront du temps à être adoptés comme les signes + et – qui devront attendre un siècle avant d’être utilisés communément par les mathématiciens, la plupart d’entre eux leur préférant la désignation en lettre : P et M, pour plus et minus.
1 – « Le grand roman des maths » Mickaël Launay – Flammarion – 2016
2 – Socrate le scolastique
3 – D’autres femmes comme Autocharidas, Théano ou Habrotélia sont connues mais sans informations précises sur elle comme l’évoque Mickaël Launay dans son ouvrage cité ci-dessus.
A voir et à lire pour aller plus loin :